La formation professionnelle à Genève : construire l’avenir des entreprises.

Résumé de la conférence de Monsieur Frank Sobczak
Directeur de la Formation à la FER Genève, Président de l’Association Cité des Métiers
Forum de l’Hôtel Crowne Plaza, Tribune du MCEI
Genève le 10 avril 2025

En 1877, la loi sur les fabriques introduits la notion de responsabilité de l’employeur. Elle les oblige à se conformer aux prescriptions et les tient pour responsables en cas d’accident. Dès lors il convient de former les employés pour éviter ce risque. Notre système naît, vers la fin du XIXᵉ siècle, de la nécessité d’améliorer la formation professionnelle des jeunes pour relancer l’économie suisse en difficulté. Mais aussi d’un compromis : améliorer la formation professionnelle sans déposséder le milieu des entreprises de leur prérogative traditionnelle de contrôle de cette formation. L’apprentissage dual et le partenariat privé-public émergent ainsi dans les débats publics et politiques. Ils seront progressivement fixés, d’abord dans des lois cantonales avec la première loi sur l’apprentissage votée à Neuchâtel en 1890, puis dans la première loi fédérale en 1930.

En Suisse, le système de formation est très souple, avec notamment de multiples passerelles qui permettent de passer du monde du travail vers les études et vice-versa. Cela favorise l’employabilité des personnes. Plus de 93% des jeunes titulaires d’un CFC ou d’une AFP intègrent le marché du travail dans leur branche, dont 89% dans les trois mois suivant leur certification. Un tiers des étudiants en HES-SO sont issus de la voie professionnelle. La Suisse possède un des taux de chômage le plus bas d’Europe chez les jeunes.

Le système fonctionne grâce à de nombreux types de financements qu’il faut veiller à conserver car les budgets de formation sont essentiels la cohésion de la formation professionnelle. Cela permet de s’adapter aux nouveaux besoins et aux exigences des entreprises en tenant compte notamment des mutations technologiques et de la transformation digitale.

L’apprentissage est une thématique centrale. Il faut donner envie aux entreprises de former des apprentis car c’est un processus complexe qui implique un rôle social avec la mise en place de formateurs compétents. Il est essentiel de valoriser cette voie professionnelle, qui est largement moins exploitée à Genève que dans d’autres cantons. Mais la situation s’améliore. En 2023, on a enregistré une augmentation de près de 10% des contrats signés et de 20% des places proposées. Par ailleurs, le canton organise régulièrement un salon mettant en valeur les métiers, par le biais de la Cité des Métiers – l’expo, et propose durant toute l’année une cité des Métiers permanente, qui sert de vitrine à la formation professionnelle. En plus, le canton s’est doté d’un nouveau bâtiment, le campus Spark. Il accueille 1600 apprentis de 25 professions différentes, ainsi que des acteurs de la réinsertion professionnelle dans deux immeubles totalisant 34 000 m2. Son histoire débute en 2008 lorsque la Confédération décide de modifier le système de participation au financement de la formation professionnelle. Cette décision consiste à transférer la gestion des cours interentreprises aux associations professionnelles avec lesquelles la Confédération assure une proche collaboration.

La direction générale de la FER Genève et le Conseil de fondation de la CIEPP ont collaboré pour créer ce campus destiné à accueillir les cours interentreprises d’associations professionnelles mais aussi de mettre en place un écosystème qui réunit un ensemble d’acteurs de la formation professionnelle initiale et continue, de la formation académique, de la réinsertion professionnelle, et plus globalement tout partenaire actif et innovant pour le développement des compétences de demain. Le campus se compose notamment d’un auditorium ultramoderne de 284 places avec une scène de 45 m2, d’un restaurant et d’une salle de réception polyvalente de 200 m2 modulables au gré des besoins et dotée avec une petite cuisine.

(Résumé Luigino Canal)