Résumé de la conférence de Monsieur Charles Azanlekor, Expert en cryptomonnaies et blockchain, Forum de l’Hôtel Intercontinental Genève le 22 février 2018

Les cryptomonnaies

L’aventure des cryptomonnaies débute en 2008. Il s’agit d’une monnaie virtuelle utilisable sur un réseau informatique décentralisé. Elle intègre l’utilisateur dans les processus d’émission et de règlement des transactions financières sans passer par une banque ou un gouvernement. Toutes les cryptomonnaies sont des monnaies alternatives, car elles n’ont de cours légal dans aucun pays. De nombreuses cryptomonnaies ont été développées mais la plupart dérivent de la première implémentation complète : le bitcoin.
Celui-ci est apparu en 2009 avec l’élaboration d’un logiciel qui permet le transfert sans intermédiaires via un registre anonyme, transparent et rapide. La première transaction en bitcoin se réalise en 2010 pour acheter une pizza. Il suffit de quatre informations, l’adresse bitcoin de l’émetteur et du destinataire, le montant de l’opération et le mot de passe de l’émetteur pour finaliser l’achat. C’est le réseau qui sécurise et gère la transaction grâce à la technologie blockchain. Elle permet de transmettre des informations, de les stocker de façon transparente et sécurisée, sans avoir besoin d’un organe central de contrôle ou de validation.

La blockchain

Actuellement, si vous souhaitez payer une facture par virement bancaire, vous allez transmettre l’argent au commerçant en passant par une banque qui va contrôler, valider et conclure l’opération. La banque joue le rôle d’intermédiaire pour le transfert et gardera une trace du versement en cas de litige. Un notaire joue le même rôle d’organe de contrôle lors d’une transaction immobilière. Avec la blockchain, ces intermédiaires n’existent plus, les transactions se font directement entre les participants grâce à la technologie. De la même manière que l’avènement d’Internet (avec l’e-mail), a permis d’échanger des courriers sans passer par un intermédiaire (la Poste), avec la technologie blockchain (bitcoin), il est possible d’échanger des informations (l’argent) sans intermédiaire (la banque).

Dans le modèle traditionnel chaque entreprise possède son registre des paiements en interne, les transactions se font par l’intermédiaire d’une banque qui détient elle aussi son registre. Inconvénients, le traitement des transactions prend du temps et en plus il faut rémunérer le ou les intermédiaires. Dans le modèle blockchain, chaque entreprise détient son propre registre en interne, mais celui-ci est sécurisé, infalsifiable et identique pour toutes les entreprises.

Le fonctionnement de la blockchain

Ce modèle présente l’avantage de réduire les temps de traitement et les coûts, tout en facilitant les échanges. La résolution de conflits est prise en charge automatiquement par la technologie blockchain, puisque les entreprises du réseau doivent toutes avoir un registre identique. Une fois qu’une transaction est inscrite sur le registre, personne ne pourra l’effacer ou la modifier. Les participants font ainsi confiance au réseau, sans devoir faire confiance à chacun de ses membres.

Prenons un exemple. Alice possède un ordinateur qui contient un fichier de transactions (registre des opérations). Bob possède le même registre sur son ordinateur. Des contrôleurs, aussi appelés «mineurs», possèdent tous un ordinateur contenant le même registre. Les contrôleurs sont des utilisateurs au même titre que Bob et Alice qui peuvent devenir des contrôleurs s’ils le souhaitent.

Lorsque Alice effectue une transaction, en envoyant 10 CHF à Bob, son ordinateur envoie l’information à l’ordinateur des contrôleurs pour les en informer. Chaque contrôleur se précipite pour être le premier à vérifier qu’Alice détient bien au moins 10 CHF sur son compte. Car le premier reçoit une commission sur la transaction d’Alice. Le premier contrôleur à effectuer la vérification et la validation, joint la preuve de vérification de la transaction et l’envoie aux autres contrôleurs pour validation. Si les deux autres contrôleurs sont d’accord tout le monde, y compris Bob, mets à jour son registre. Bob peut voir que son compte a été crédité de 10 CHF alors que bien évidemment le compte d’Alice a été débité de 10 CHF. Organiser une fraude est très compliqué car un réseau comme celui du bitcoin recense plus de 5 000 contrôleurs.

Pour simplifier, nous avons parlé de francs pour évoquer les échanges, mais en réalité, ce sont des monnaies électroniques qui sont échangées sur la blockchain. Une blockchain constitue donc une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée. C’est un réseau d’ordinateurs qui gère le système et pas simplement un ordinateur central. L’an dernier, 4 milliards de dollars ont été levés en cryptomonnaies et de nombreux projets sont en cours dans de multiples secteurs. Pour l’instant, nous sommes encore aux prémices de la révolution blockchain, mais l’impact que cette technologie aura dans notre société et dans l’économie, sera sans aucun doute, aussi révolutionnaire qu’Internet.

Des géants du Web l’utilisent

Déjà les géants du Web, mais aussi des banques (UBS, Credit Suisse), des assurances et des grandes entreprises se sont lancés dans cette technologie. L’on peut même acheter des bitcoins en Bourse ou sur les distributeurs de tickets des CFF. Mais les monnaies virtuelles ont aussi des points négatifs. Elles engendrent une forte consommation d’énergie, le nombre de transactions par minute est limité (par exemple, 7 par seconde pour le bitcoin contre 5 000 chez Visa) et il n’y a pas d’actifs sous-jacents. Il y a aussi diverses fraudes avec des projets bidon style chaîne de Ponzi. Enfin, bien que les transactions ne soient pas totalement anonymes, ce système laisse la porte ouverte pour des opérations de blanchiment ou de fraude fiscale.

Résumé Luigino

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