Résumé de la conférence de Madame Martina Chyba
Journaliste et auteure
Forum de l’Hôtel Crowne Plaza, Tribune du MCEI
Genève, le 14 décembre 2023
Les personnes de 50 ans «et plus» sont devenues une sorte de catégorie marketing. Il y a comme une barre psychologique à franchir ce cap. On ne parle plus de vieux mais de senior. Pourtant, dans le marché du travail, alors que l’expérience est souvent demandée quand il s’agit d’un jeune demandeur d’emploi, chez un senior c’est plutôt un frein à l’embauche. Cette tranche d’âge c’est la génération papier/crayon qui a connu la télévision sans télécommande et le téléphone à cadran. Elle écrivait des lettres et des cartes postales. Aujourd’hui, les quinquagénaires sont devenus des dinosaures.
Un jour au sein de son entreprise on se retrouve «senior». On vous fait gentiment comprendre que l’on a fait son temps, que l’on coûte trop cher, qu’on est moins adaptable. On peut finir installé dans un placard, devenir une variable d’ajustement dans un plan social et finir comme chômeur de longue durée car il est plus difficile de retrouver un emploi à cet âge. Des entreprises licencient des employés de plus de 50 ans et proposent un stage non payé à des jeunes de 20 ans. Aujourd’hui, il est possible de trouver une famille où ni les parents, quinquagénaires, ni les enfants, d’une vingtaine d’années, n’ont de travail. Les premiers sont considérés comme «trop vieux», alors qu’on reproche aux seconds un manque d’expérience. Le travail productif, lucratif avec la sécurité de l’emploi est censé se dérouler entre 30 et 45 ans. Et face à ce constat, le législateur augmente l’âge de la retraite !
Que faire avec ces personnes de plus de 50 ans qui ne trouvent pas de travail ? En plus, avec l’âge il est difficile de changer complètement d’orientation pour se former à un métier totalement différent. C’est aussi un désastre au niveau social, car ces chômeurs coûtent très cher à la collectivité. Comment s’en sortir ? Il n’y a pas de solutions toutes faites mais des pistes peuvent être explorées. Par exemple, anticiper avec le service des ressources humaines pour savoir comment les personnes souhaitent évoluer après 50 ans et préparer les années qui restent avant la retraite. Une adaptation du travail est aussi à envisager, à 60 ans une personne n’est pas forcément capable d’effectuer avec efficacité les mêmes tâches que quand elle en avait 30. Ainsi, par exemple, la vue et l’ouïe diminuent avec le temps, sans parler de la fatigue. D’autant plus qu’en période de crise, ce sont souvent les travailleurs seniors, très expérimentés, qui permettent à l’entreprise de rester à flot. Ainsi, à la RTS, lors de la période Covid, il n’y aurait pas eu de programmes sans les employés les plus âgés qui ont su trouver les solutions pour s’adapter et assurer le service. On pourrait aussi songer à des jours de congé à utiliser dans l’année lors de périodes plus compliquées. Les plus jeunes pourraient aussi soutenir les plus âgés pour faire face à l’évolution technologique.
Enfin, avec l’évolution démographique, il est possible que l’on manque de personnel pour occuper toutes les places disponibles. Il faudra alors aller recherche les seniors. Les travailleurs âgés pourraient redevenir une force pour l’économie, et la voie de garage se transformer en voie royale.
(Résumé Luigino Canal)