Résumé de la conférence de Mme Laura Tocmacov

L’intelligence artificielle, amplifier les humains ou les asservir ?

Lorsqu’on parle d’intelligence artificielle (IA), on entend souvent dire que ce n’est qu’un outil supplémentaire et que l’on a déjà composé avec plusieurs évolutions dans le passé comme la révolution industrielle, et cela n’a pas engendré de drame particulier. En fait, il faudrait se souvenir que justement cette révolution industrielle a engendré 70 années difficiles, avec des crises sociales pas simples à gérer.

Aujourd’hui, l’IA prend la place du moteur qui, à l’époque, aidait les humains. Elle braque la lumière sur tous les défis sociétaux que l’on n’a pas encore résolus. Mais ce n’est pas simplement un outil car on discute avec une entité non humaine qui engendre diverses bizarreries dans la tête des personnes. Souvent les gens oublient qu’il n’y a pas un humain en face. Fondée il y a sept ans, la fondation ImpactIA a comme but de transformer de façon positive le monde du travail grâce à l’IA. En Suisse, depuis 2012, on observe une augmentation de 70% du taux de burn-out chez les travailleurs. Ce qui veut dire que le monde du travail n’est pas du tout adapté.

L’idée c’est de profiter du fait que l’on se trouve à un moment charnière, avec une nouvelle technologie qui va profondément changer nos processus, pour évoluer. Les organisations et les individus doivent pouvoir s’appuyer sur une IA au service d’une société équitable et performante. Pour cela, des cadres, des recherches, des projets, des formations et des réflexions systémiques seront indispensables. Ces actions devront être menées à un niveau global, pilotées par une structure pouvant défendre les intérêts de l’individu et des entreprises avec un sens prononcé de l’impact sociétal positif.

La fondation oriente ses actions vers les organisations (publiques et privées), les individus et la société. Elle travaille avec des experts de différents domaines pour mener à bien ses objectifs. Elle a notamment créé le festival AiiA, qui explore au travers de l’art et de la culture comment l’IA impacte nos sociétés, et une académie on line dans un métavers pour les jeunes. La diversité est indispensable pour que l’IA puisse représenter qui nous sommes. Elle doit avoir dans son modèle la représentativité de la société. Ce n’est absolument pas le cas actuellement.

Beaucoup de gens estiment que l’IA ne les concerne pas. Ils ont testé chatGPT et au vu des résultats erronés ne vont pas plus loin. Mais l’IA est une technologie très rapide et qui est exponentielle. En 2022, l’IA est apparue et très vite ce sujet est rentré dans nos conversations quotidiennes et dans nos téléphones via chatGPT. Il va falloir trouver le moyen d’aligner l’IA à notre humanité, une IA qui soit responsable et qui nous offre une valeur ajoutée.

En fait, on recense trois types d’IA. La première est une intelligence artificielle faible. Elle a appris à faire une seule chose mais elle est très efficace dans sa tâche. En novembre 2022, avec l’arrivée de chat GPT est apparue une IA forte, qui peut généraliser des connaissances. Elle peut comprendre un contexte général et généré des réponses à toutes sortes de questions. Et finalement la troisième sorte d’intelligence, c’est celle qui s’autoaméliore sans avoir besoin des humains. Cette technologie arrive dans notre vie à grande vitesse. ChatGPT a enregistré 100 millions d’utilisateurs en quelques semaines. Aujourd’hui, 50% de la population mondiale à un smartphone dans sa poche et l’IA arrive dans chaque appareil.

La grande question c’est comment vont évoluer les métiers avec l’IA. Si on arrive à l’intégrer efficacement et avec discernement dans nos processus, elle peut développer fortement notre créativité. Plus globalement, deux hypothèses sont sur la table. La première, c’est que les emplois vont disparaître, et le travail tel qu’on le connaît actuellement n’existera plus. La seconde prévoit que de nouveaux emplois vont se créer. Ce qui est sûr c’est que le monde du travail va évoluer et qu’il va falloir accompagner cette transition. À terme, environ, 80% des tâches actuelles pourront être automatisées via l’IA. Les activités répétitives seront effectuées avec des automatisations simples. En parallèle, des nouveaux métiers sont déjà apparus, comme des ingénieurs IA. Mais il y a aussi des places pour les personnes moins qualifiées, par exemple, dans la préparation des données IA. Et puis il y a l’intelligence hybride qui consiste à réunir l’intelligence individuelle, l’intelligence collective et l’intelligence artificielle pour dépasser les limites de chacune d’entre elle et les amplifiés.

Le plus gros enjeu pour les entreprises dans la transition numérique c’est l’acculturation. Il faut chaque collaborateur comprenne ce qu’est l’IA, ce qu’elle va impacter et comment. C’est la première étape pour ne pas la subir. Il faut ensuite trouver des mécanismes pour embarquer toute l’entreprise dans cette transition. L’IA a cela de disruptif sur le modèle même de travail que si vous ne travaillez pas en coopération avec toutes les personnes de l’entreprise, la chute sera grande. Vous ne pouvez pas transformer une entreprise par cette technologie dont tous les fondements se basent sur l’apprentissage, sans une coopération de chaque personne. L’IA ne concerne pas que les grandes entreprises. Ce n’est plus l’exclusivité des GAFA mais le moteur de la prochaine vague de transformation et il est fort probable que la vague se transforme en tsunami très vite.

(Résumé Luigino Canal)

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